Bovines
Ecrit sur le film « Bovines » 2012
Si l’idée d’un troupeau de vaches charolaises paissant tranquillement dans un calme et verdoyant pâturage de Basse-Normandie ne vous inspire qu’une image assez traditionnelle, sans aucun à priori esthétique….
….alors, allez voir « Bovines » et vous changerez sans doute de perception !
Si en revanche, vous pensez pouvoir être ému par un gros plan sur un museau bovin, naturellement humide, filant une salive limpide et mastiquant avec application,
si encore vous êtes ravi d’avance à l’idée de zoomer du regard sur une langue râpeuse, caressant sensuellement son prochain (sa prochaine) jusqu’au au pli intime et poilu de l’oreille,
alors, doublement et sans hésitation aucune,
courez- vite voir bovines et vous aimerez sans doute la dimension plastique et contemplative de l’œil du cinéaste.
Le temps du film, vous apprécierez le changement d’espace avec un plongeon dans l’éloge de la lenteur que nous procure l’approche du quotidien des vaches.
On comprend tout et on ne les verra peut-être plus jamais de la même façon ces paisibles ruminants !
Vous ressentirez fort la nature … ah le bruit de la pluie sur vision abstraite de gouttes, gouttelettes et flaques dans l’univers herbeux !
Vous serez ému par cette unique intervention humaine du film qui déclenche une terrible indignation sonore des mères laitières. Elles meuglent à gorge déployée en voyant les fermiers leur arracher leurs petits qu’ils mènent ensuite bon train, vers la bétaillère de l’abattoir. On n’est pas non plus que dans un rêve !
Pas de doute : ici on aime les vaches et même, on les célèbre poétiquement.
Dans notre monde agité on se dit qu’ils ne sont pas de trop ces moments-là…...
….car, c’est beau une vache !