trajet - courte nouvelle

Publié le par voixdouce-et-motsroses

toulouse gelée ........ ça arrive !

 

white and see 033

 

 

 

Trajet

 

Le matin pour me rendre au travail, j’aime bien passer par la rue Lafayette à cause du magasin «Coquelicot». Aujourd’hui encore je suis aspirée par la vitrine, sublime et raffinée. J’évite les prix affichés. Revoir les éléments du budget.

J’y pense depuis quelques temps de toute façon.

Comme je décolle de la devanture, un téléphone portable sonne dans mon dos, sans doute à quelques pas de moi. Un homme répond – Allô, oui….  non, je me réveille juste ! non, non, je ne dormais pas, j’allais me lever… comment ? ah oui c’est vrai ! Je ne sais pas, on verra demain …

 

Culotté ! et cocasse. J’aurais bien aimé voir la mine du gars disant ces mots dans l’une des rues les plus passantes de Toulouse !

Il marche toujours derrière moi. Je ne le vois pas mais je peux l’imaginer. La voix est plutôt assurée, grave et un peu rocailleuse. Un fumeur sans doute. Léger accent parisien, j’aime bien.

Le timbre est voilé. Il a découché, j’en suis certaine.

Je l’imagine grand (très grand) et brun. Non, plutôt grisonnant.

 

J’ai envie de l’aborder et de sourire avec lui de cette supercherie. Mais comment me retourner. Il en serait sans doute gêné. Je l’aperçois latéralement dans le reflet des vitrines qui défilent à ma gauche, au rythme de mes pas. Après je vais devoir traverser la rue Alsace-Lorraine, puis le square du Capitole. Et sans doute le perdre de vue. Je l’aperçois encore. C’est la dernière vitre. Une stature haute. Je l’avais deviné. Et un pardessus sombre. Bien !!!! il a de l’allure.

Je ne l’entends plus, il a  raccroché sur un « au revoir chérie, à demain ! »

Ça y est je ne le vois plus …  Bref instant dépressif.

 

Je franchis la rue Alsace. Toujours se méfier des vélos qui zigzaguent à cet endroit. Alors que l’espace est  piétonnier. A Toulouse, c’est connu, les cyclistes sont rois. Je rejoins le square. Grand et maussade dans la grisaille de ce mauvais printemps. Je vais le traverser en diagonale. Cela me raccourcira le parcours.

 

- Elena !

C’est Pierre…  mon voisin. D’un bond, il avance à mon niveau – Bonjour, je lui dis, tu n’es pas au boulot ce matin ? et je lui demande aussi s’il était derrière moi dans la rue Lafayette. (J’ai osé cette petite provocation. ! ) – il dit non et ajoute pourquoi ? Il précise qu’il sort de la gare et qu’il revient d’un congrès à Biarritz. Ouf, rassurée.

Pierre vit avec Natie,  Un couple très sympathique et joyeux. On s’apprécie.

 

Mais je suis en train de me retarder … Je le dis à Pierre. Il répond moi aussi, on s’embrasse. A bientôt.

 

Baiser amical qui dévie vers mon oreille. J’entends doucement « Tu es sympa, tu ne dis pas à Natie que tu m’as vu. Je suis censé ne rentrer que demain matin … »

Il a fait une petite moue, j’ai opiné, on s’est séparé.

 

M’adapter à ce nouveau regard que je porte à leur couple depuis moins de trois minutes.

 

Je suis maintenant sur la place du Capitole. Il pleut encore.

 

   Il y avait un joli bustier vert pâle dans la vitrine de « Coquelicot ».

 

 

 

 


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